音频游览 Les Insoumis de l'art moderne, Paris les années 50

Comment est apparu l’art moderne ? En 1839, Louis Daguerre invente le daguerréotype. L’utilisation de la photographie devient par la suite industrielle. La peinture entre alors en concurrence avec ce nouveau moyen de représentation. Les grands peintres se rendent compte qu’ils ne peuvent plus lutter contre le réalisme et le coût peu élevé de la photo. La modernité se définit comme une logique de progrès et un détournement du réel. Ce premier détournement est effectué par Monet en 1872 avec Impression, soleil levant. Il ne représente plus une réalité académique de ce qu’il voit, mais l’impression de ce qu’il voit. Viendront par la suite le cubisme, le pointillisme, le surréalisme, l’abstraction et, de nos jours, le concept.

Les peintres présentés ici vont se rebeller contre ce qu’ils considèrent comme une fausse modernité. Ils revendiquent une peinture humaine et universelle. Ils arrivent à la fin de la guerre à Paris, ils ont entre 17 et 20 ans. Ils veulent être des peintres mais sont vierges de toute connaissance. Ils admirent dans un premier temps les œuvres de Picasso et de Matisse dans les galeries, mais les dénigrent vite en découvrant les chefs d’œuvre des grands maîtres à la réouverture du Louvre en 1946. La découverte des œuvres de Vélasquez, du Titien, de Rembrandt ou encore de Delacroix, va être un véritable choc. Dès lors, ils vont vouloir reprendre le flambeau de cette peinture, de la vraie peinture. Ils vont peindre avec les moyens de leur époque, influencés par celui qu’ils considèrent comme le dernier grand peintre, Gustave Courbet. Mort en 1877, ils veulent peindre dans sa continuité, laissant de côté tout ce qui avait été fait depuis, ce qui reste à nuancer puisqu’ils vont prendre la mesure de la modernité de leur époque, avec une vision universelle et humaine de l’art. Les sentiments humains comme la peur, le désespoir, l’amour existe toujours et continueront d’exister, selon eux, il faut continuer à retranscrire cette transcendance et ce mysticisme dans la peinture.

Il y a trois Écoles de Paris. La Première Ecole de Paris est formée avant tout par des peintres étrangers comme Modigliani, Chagall ou Soutine. Après la Seconde Guerre Mondiale, il y a la Deuxième École de Paris qui se divise en deux branches : une abstraite qui va former le Salon des Réalités Nouvelles, et une branche figurative qui va créer le Salon de la Jeune Peinture. Contrairement à ce que l’on croit aujourd’hui, c’est la branche figurative qui va être la plus importante, les abstraits se vendaient très peu. Mais ces derniers avaient plus tendance à côtoyer les poètes de l’époque et ont fait des travaux d’illustrations pour eux, ce qui a contribué à laisser un témoignage de leur travail, ce qui n’a pas été le cas des figuratifs. Les galeries qui les exposaient publiaient très peu de catalogues.

Dans le Salon de la Jeune Peinture, il y a plus de mille peintres : il a donc fallu opérer une sélection pour cette exposition. Un des artistes les plus importants a sans aucun doute été Bernard Lorjou. Il était beaucoup plus âgé que les autres. En 1948, il remporte le Prix de la Critique avec Bernard Buffet (le premier a 40 ans, l’autre 20 ans). Il est le fédérateur et le porte-drapeau de cette nouvelle modernité.

Avec le critique d’art Jean Bouret, ils vont créer en 1948 et en 1949 les manifestes de l’Homme Témoin. Les pères de ce mouvement se rassemblent alors : Bernard Lorjou, Bernard Buffet, André Minaux, et ceux qu’on appelle le groupe de la Ruche : Paul Rebeyrolle, Simone Dat, Michel Thompson et Michel de Gallard.

Le mouvement disparait avec l’avènement de New York comme centre de la culture mondiale et l’influence qu’ont eu les Américains sur le territoire français.